Nous avons rencontré Clément Keraval, étudiant et fils d’un ambulancier breton. Il nous a raconté son expérience du 4L Trophy, un rallye solidaire sur les pistes du désert marocain. Entre soucis techniques et instants de convivialité, découvrez cette aventure hors du commun.
Bonjour Clément, pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Clément Keraval, je viens de Pleyben dans le Finistère, où mon père possède une société de transport sanitaire (Ambulances Keraval). J’ai 19 ans, 20 ans bientôt.
Aujourd’hui, je suis sur Lyon pour mes études à l’Institut Lyfe (ancienne Institut Paul Bocuse). C’est une école de management en hôtellerie, au sein de laquelle je me forme au management international de l’hôtellerie. Je prépare un diplôme en 5 ans et suis actuellement en 2eme année.
Vous avez récemment participé au 4L Trophy, pouvez-vous nous parler de la genèse de cette aventure et nous expliquer les motivations de votre participation ?
L’aventure commence il y a un an maintenant. Avec plusieurs amis et camarades d’école, nous nous sommes découvert une passion commune pour l’automobile. J’ai rencontré mon partenaire pour le 4L Trophy en septembre de l’année dernière et nous avons monté le projet en novembre.
Le 4L Trophy est un raid humanitaire. C’est cette dimension solidaire qui nous a poussé à y participer. Déjà parce qu’elle met en valeur l’engagement des étudiants. Ensuite, pour aider l’association « Les Enfants du désert » et « La Croix Rouge Française ».
Comment se matérialise cette dimension solidaire ?
Nous sommes partis de Biarritz avec 10kg de denrées alimentaires, du matériel scolaire et des fournitures sportives. Lors de la première étape au Maroc, on a fait un grand bivouac sur lequel nous avons distribué nos colis. Et bien sûr, pour rassembler tout ce matériel, nous avons sollicité des sponsors.
Concrètement, comment se déroule le 4L Trophy ?
La première journée est dédiée aux formalités de vérification et de contrôle (technique et administrative). Après un souci de batterie pas sanglé et de vignette d’assurance pas assez verte, nous sommes partis le 15 février à midi en direct de Salamanque, au sud de l’Espagne. De là, nous avons pris le bateau pour Tanger, puis rejoint le premier bivouac par la route à Boulaajoul, au Maroc. Ensuite, le lendemain, nous avons rejoint le bivouac de Merzouga. A partir de ce point, nous avons principalement réalisé des étapes en étoile.
La navigation se fait à la boussole et au road book, du genre « après l’arbre, prenez 90° au Nord ». Pendant ces journées-là, on roule et on s’arrête quand on veut si on souhaite échanger avec les locaux.
Il y a une dimension « compétition » dans cet événement. Comment se départagent les concurrents ?
Ce n’est pas une compétition de vitesse, c’est une compétition de distance. L’objectif, c’est de trouver les itinéraires les plus courts. Sur route, c’est facile, sur la piste, c’est autre chose, les repères sont plus compliqués.
La navigation se fait à la boussole et au road book, du genre « après l’arbre, prenez 90° au Nord ».
En termes d’organisation pendant et entre les étapes, comment vous organisiez-vous ?
Pour le ravitaillement, il existe plusieurs types de bivouac. Certains sont en autonomie, sans commodités, ni carburant. D’autres, comme celui de Merzouga, sont beaucoup plus organisés avec une citerne de carburant sur place, des douches et toilettes et un grand espace de restauration. C’est une organisation assez énorme !
Pouvez-vous nous parler de la 4L avec laquelle vous avez participé à ce 4L Trophy ?
Ce fut une histoire un peu compliquée… Au début, nous pensions trouver un véhicule déjà préparé. Au final, nous avons trouvé une 4L d’origine que nous avons transformée nous-mêmes. C’est une 4L, trouvée sur Marseille, qui a fait sa première carrière chez EDF. C’est un modèle fourgonnette (4L F6), qui nous a offert beaucoup d’espace pour embarquer tout notre matériel et qui dispose d’un moteur relativement puissant pour une 4L (34cv).
C’est une compétition de distance. L’objectif, c’est de trouver les itinéraires les plus courts.
Pendant 5 mois, nous l’avons modifiée pour qu’elle réponde au cahier des charges de l’organisation : amélioration du système de ventilation, installation de plaques de protection pour le moteur et le réservoir, mise en place d’un anneau de remorquage, …
Et par sécurité, nous avons installé des durites renforcées et refait les trains roulants.
Nous devions également embarquer des roues avec des pneus crantés pour les pistes.
Une telle préparation nécessite de belles connaissances en mécanique, n’est-ce pas ?
Au départ, je n’avais pas tellement de connaissances mécaniques, mon copilote un peu plus. A la fin du raid, on avait beaucoup de connaissances. Quand on est dans le bain, on fait et on apprend au fur et à mesure. Nous n’avons pas eu beaucoup de gros problèmes, plutôt des petits soucis. Par exemple, dans les dunes, comme il y a pas mal de trous, nous avons tapé trop fort dans la plaque de protection du moteur. Le pot d’échappement s’est alors détaché et il a fallu continuer comme ça jusqu’au bivouac pour réparer.
Au retour, en débarquant du bateau sur le port de Salamanque, la voiture ne voulait plus démarrer car le rupteur d’allumage s’était déplacé de quelques millimètres. Un autre équipage nous a aidé à le rectifier.
Nous n’avons pas évoqué l’entraide entre participants. L’épreuve est réputée pour sa camaraderie. Avez-vous ressenti cette proximité et cette entraide ?
Il y a beaucoup d’entraide entre les épreuves effectivement… et beaucoup d’échanges de pièces sur les stations-service ou au bivouac aussi. D’ailleurs, un troc de pièces est organisé tous les soirs. L’entraide est très importante notamment dans le désert, lorsque la voiture est prise dans le sable et qu’il faut pousser. On peut voir 10/12 personnes s’acharner sur une seule et même 4L.
Au Maroc, le mode de vie est totalement différent ! Parfois des gens vivent isolés, au milieu de nulle part ! On se demande comme ils font.
A titre personnel, qu’avez-vous retiré de cette expérience unique ?
Ce fut une expérience riche et intense. La cohabitation avec une autre personne, dans un habitacle restreint, nous apprend à faire des concessions. Ce qui m’a apporté le plus c’est la rencontre avec les populations locales. Travaillant dans l’hôtellerie, ça m’a appris beaucoup. Rencontrer ces populations nous permet de comprendre que nous vivons dans le confort et on ne s’en rend pas compte ! Au Maroc, le mode de vie est totalement différent ! Parfois des gens vivent isolés, au milieu de nulle part ! On se demande comme ils font. On se remet beaucoup en question. On voit la misère qu’il peut y avoir dans certains endroits du monde.
Du côté plus administratif, ça nous a permis de mettre en place une association, de démarcher des sponsors pendant 1 an, aller voir les assurances, la banque, … Quand on a 18 ans, ça nous permet de rentrer dans la vie active. D’habitude ce sont nos parents qui font ce type de démarches pour nous.
Votre association porte un nom assez singulier. Lequel est-il ?
Notre association s’appelle « Ambu l’ancêtre ». D’abord, parce que nous avions de nombreux sponsors issus du monde de l’ambulance et ensuite parce que nous partions avec une voiture âgée de 39 ans. BSE étant notre sponsor principal, nous avons monté une sirène et gyrophare d’ambulance sur la carrosserie pour le clin d’œil. On a eu quelques soucis avec le gyrophare, qu’on a parfois dû démonter. Mais l’essentiel était de se démarquer et d’être vite repéré dans la foule des 1200 véhicules ! Pari gagnant !
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